Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 06 mai 2023

1 - PLUMER LA VOLAILLE ...

... JUSQU'A LA DERNIÈRE PLUME.

FLORILÈGE ET PÊLE-MÊLE.

Le Monde, Le Progrès, Le Canard enchaîné.

2022 11 23 SALAIRES PATRONS DIVIDENDES.jpg

Le Monde, 23 novembre 2022.

2023 01 04 CADEAUX AUX AUTOROUTIERS.jpg

Le Canard enchaîné, 4 janvier 2023.

2023 01 27 RECORD DE PROFITS EN 2022.jpg

Le Monde, 27 janvier 2023.

2023 02 09 PETROLIERS SUPERPROFITS.jpg

Le Monde, 9 février 2023.

presse,journalistes,journal le monde,le canard enchaîné,journal le progrès

Le Progrès, 5 avril 2023.

COCORICO !!!!

samedi, 15 avril 2023

L'OBSCÈNE CYNISME DE MACRON ...

... ET L'INFERNAL CULOT D'ÉLISABETH BORNE.

Ci-dessous l'image exacte de ce que pensent le Président Emmanuel Macron, sa première Ministre Elisabeth Borne et quelques autres membres du gouvernement quand ils déclarent qu'ils « entendent les plaintes des Français », qu'ils « sont à l'écoute », que leur « porte est ouverte », qu'ils veulent « renouer le dialogue social », qu'ils veulent « remettre le pays sur le chemin de la concorde » et autres misérables fadaises qui sont autant de foutages de gueule.

Par exemple, faut-il une explication de texte pour dire aux gens comment comprendre cette phrase de la mère Borne : « Il n'y a ni vainqueurs, ni vaincus », au moment où le gouvernement, ayant déjà pris la pose, la botte sur le cadavre encore chaud des syndicats, s'apprête à sabrer le champagne à l'abri des regards ? 

2023 04 15 CONSCONS GENDARMES MOBILES.jpg

Photo de Stéphane Mahé (agence Reuters) parue dans Le Monde daté 15 avril : au fond, l'entrée du ConsCons (repaire des 9 singes — oh pardon : sages — du Conseil Constitutionnel).

On ne dira jamais assez que ce genre de ConsCons livrera aux Français la même mascarade impudique en guise de surveillance scrupuleuse des textes constitutionnels, aussi longtemps que ses membres seront issus pour l'essentiel des milieux politicards dont ils font ici semblant de contrôler le travail. Ecoutez pour vous en convaincre Dominique Rousseau, authentique constitutionnaliste, lui, ou alors lisez le livre de Lauréline Fontaine La Constitution maltraitée  (Editions Amsterdam, 2023).

***

Note : Dans Le Canard enchaîné du 12 avril 2023 — article d'Hervé Martin en page 3 —, on apprend que chacun des membres du ConsCons gagne 15.000 euros nets par mois, à la suite de diverses acrobaties, embrouilles et entorses (que j'engage le lecteur à découvrir en lisant le Palmipède si ce n'est déjà fait) où tout un monde de complicités diverses se ligue pour empêcher le sort ordinaire des gens ordinaires de s'abattre sur d'aussi augustes personnages. 

mardi, 11 avril 2023

DILBARJIN : DE L'ART SATELLITAIRE

2023 04 07 DILBARJIN PILLAGE 2021 2.jpg

C'est juste une photo satellite, et encore : imprimée sur du papier journal (Le Monde daté vendredi 7 avril 2023, excellente enquête de Jacques Follorou) ! Mais quel effet esthétique superbe ! Vous ne trouvez pas ? Selon moi, Antoni Tapies aurait pu signer cette photo comme étant une de ses œuvres : sable aggloméré, technique mixte, enfin vous voyez à peu près. Je me suis permis de tenter de rendre à cette photo sa virginité, je veux dire que j'ai tant bien que mal supprimé les indications en surimpression (telles qu'on les voit sur la photo du bas).

Bon, il faut savoir qu'ainsi se présente, vu du ciel, le site de Dilbarjin (Afghanistan) en février 2021 : à l'analyse du cliché, on constate qu'il a été allègrement pillé de ses trésors antiques, par les vandales de l'Etat Islamique, qui n'ont pas lésiné sur les moyens pour remplir ses coffres avec le fruit de ses rapines et de ses trafics. Tout en détruisant avec un grand soin et un grand esprit de méthode un emplacement unique, qui ne demandait qu'à livrer de nouveaux témoignages d'une civilisation qui a précédé l'avènement somme toute tardif de l'islam. Ci-dessous le même site, tel qu'il se présentait en septembre 2016, dans un état encore à peu près intouché par les bulldozers de Daech.

2023 04 07 DILBARJIN PILLAGE 2016 09.jpg

samedi, 01 avril 2023

DÉMOCRATIE EN PAPIER (SUITE)

Je n'y peux rien : moi qui dénonçais ici-même (30 mars) la farce boursouflée qu'est par sa nature le Conseil Constitutionnel, voilà que, lisant le journal Le Monde daté 28 mars, je tombe sur l'interview conduite par l'excellente journaliste Anne Chemin de Lauréline Fontaine, professeure de droit public et constitutionnel à la Sorbonne Nouvelle (sous le titre "Le Conseil Constitutionnel n'est pas un contre-pouvoir"), et que je trouve confirmation de ce que je ne faisais que pressentir.

Et voilà que l'opinion hasardeuse, brumeuse et intuitive que j'exprimais dans mon billet se trouve confortée de façon éclatante par les propos très informés, très professionnels d'une spécialiste de la chose. Et là pardon, mais la dame n'y va pas avec le dos de la cuillère, en particulier à propos du manque d'impartialité et d'indépendance des "conseillers".

Le petit commentaire ajouté par Anne Chemin en fin d'entretien est lui aussi d'une clarté suffisante : le Conseil Constitutionnel est un "MACHIN" au service du pouvoir, et une "institution" dans laquelle les citoyens ordinaires, aveuglés par les formes écrites auxquelles la République est assujettie, ont le grand tort de se fier comme à un dernier recours salvateur.

conseil constitutionnel,lauréline fontaine,

***

conseil constitutionnel,lauréline fontaine,anne chemin,journal le monde,démocratie,france,société,politique,emmanuel macron,loi sur les retraites,réforme des retraites,alain supiot,la gouvernance par les nombres,la constitution maltraitée

Autre motivation pour acheter l'ouvrage de Lauréline Fontaine : c'est l'impeccable Alain Supiot, auteur (entre autres) de La Gouvernance par les nombres, qui a écrit la préface.

 

vendredi, 24 mars 2023

MACRON ESSUIE SES GROLLES ...

... SUR LES FRANÇAIS.

2023 03 23 MACRON NOUS A MARCHE DESSUS.jpg

Je n'y peux rien : le propos du patron de la C.G.T. me semble aveuglant de vérité. Si Emmanuel Macron voulait se faire HAÏR (et à travers lui la fonction présidentielle et jusqu'aux institutions politiques les plus solides), il ne s'y prendrait pas autrement. Et s'il s'en rendait compte (on peut rêver), je ne suis pas sûr que ça le pousserait à changer de trajectoire, de "méthode", de langage. Visiblement, cet homme souffre d'une drôle de maladie.

(Titre pris dans Le Monde daté 23 mars 2023.)

lundi, 23 janvier 2023

IL COUINE ENCORE, L'ARCON ...

... TEMPORAIN.

MONDE 2023 01 19 ARCON CORNEBRAME.jpg

L'innovation fait rage, dans l'arcon comme dans les sciences et les techniques, y a pas de raison. Le duo "Art Orienté objet", que célèbre ci-dessus le journal Le Monde et son missionnaire-propagandiste Harry Bellet, a imaginé, du fond de son laboratoire de recherches avancées, cette improbable prothèse destinée à une dépouille de cerf hors d'état de se défendre.

La prothèse est composée d'éléments de cornemuse, pour que ce qui restait du bel animal puisse faire semblant d'avoir encore des pattes et de pouvoir encore écouter un peu de musique écossaise à ses moments perdus. L'argumentaire développé dans l'article (paru le 18 janvier) révèle les plus hautes et les plus nobles intentions de la part des inventeurs, pour qui la défense de l'intégrité de la nature et la lutte pour la cause animale constituent à la fois une doctrine, une morale et une philosophie.

Histoire de paraître un peu sérieux, les deux auteurs ont intitulé le résultat de leur travail "CORNEBRAME". On sent que tout cela est intensément pensé.

Des esprits chagrins pourraient ne voir ici que l'événement créé par la touillette dans le gobelet en plastique, au moment de la pause devant la machine à café — vous savez, ces plaisanteries le plus souvent sottes et grenues qu'on lance dans les moments de détente et de bonne humeur parce qu'on n'a rien à dire.

VIVE L'ART MORT-VIVANT !!!

VIVE L'ART ZOMBIE !!!

lundi, 09 janvier 2023

CAMPAGNE ÉLECTORALE ... ET APRÈS ?

LE TEMPS DES PROMESSES.

048.jpg

A L'ARRIVÉE ...

humour,bande dessinée,lucky luke,des barbelés sur la prairie,goscinny,morris

Minuscule bidouillage d'un titre du journal Le Monde paru le 9 juin 2022.

mercredi, 28 décembre 2022

LA VÉRITÉ SUR LES RENOUVELABLES

MONDE 2022 04 09 MEADOWS CROISSANCE.jpg

Rien à dire. La vérité est brutale et balaie les illusions qui pourraient encombrer les cerveaux craintifs, pusillanimes ou avides de sécurité. L'humanité n'est pas encore tout à fait à poil, mais pas loin. Le malheur, c'est qu'elle refuse de le savoir. Elle continue à croire que tout ça va s'arranger, et fredonne avec plus ou moins de conviction : « Toutes ces petites misères seront passagères Tout ça s'arrangera ».

Les quelques lignes ci-dessus sont extraites d'un entretien avec un monsieur qui a aujourd'hui 79 ans (Le Monde, 9 avril 2022) : DENNIS MEADOWS, physicien. L'entretien accordé au journal Le Monde (Audrey Garric) célèbre à sa façon le cinquantième anniversaire du rapport co-écrit en 1972 par le susnommé pour le Massachusetts Institute of Technology : Les Limites à la croissance.

L'originalité bouleversante de ce rapport consistait en la formulation d'une vérité sans doute trop brutale pour l'époque de joie et de prospérité dans la consommation, contre le mur de laquelle l'humanité se heurte aujourd'hui le front, le nez et l'avenir. Ce que susurrait le rapport Meadows et consort en 1972 est devenu un hurlement. Mais le monde a les oreilles bouchées.

Une dernière question : 

écologie,club de rome,m.i.t.,massachusetts institute of technology,dennis meadows,journal le monde,audrey garric,dérèglement climatique,the limits of growth

Quand on sait que le rapport de 1972, commandé aux savants du M.I.T. par le Club de Rome, fut un véritable best-seller à l'époque, nous voilà rassurés, cinquante ans après, sur le sort que l'humanité s'apprête à réserver aux multiples rapports, publiés par ces autres savants réunis au sein du G.I.E.C., qui se succèdent avec bonhomie et régularité sans aucun effet sur la marche du monde, alors qu'ils ne parlent, pour leur compte, que du climat.

« Il n'y a pas de solution sans une réduction drastique de nos besoins en énergie. », affirme Dennis Meadows.

Pourvu que les bons peuples n'apprennent pas ce que signifierait une telle "réduction drastique" sur la qualité de leur mode de vie !!! Déjà que leur situation est souvent des plus précaire ... !!!

« Pas d'espoir pour cette civilisation intensive en énergie et en matériaux », dit pour finir l'excellent Mr Meadows. En clair et en français : "Il faut que tout le monde s'apprête à en prendre plein la gueule". 

MAIS BONNE ANNÉE 2023, HEIN !!! 

jeudi, 13 octobre 2022

VOUS AVEZ DIT "DÉCOUPLAGE" ?

Donc Emmanuel Macron fait depuis quelque temps une promotion effrénée du mot "SOBRIÉTÉ", fixant à la population française ordinaire — je veux dire celle qui tire de plus en plus la langue — un objectif de 10 % de réduction de sa consommation de gaz, d'électricité et (qui sait ?) de tout un tas de bonnes choses qu'elle mettait dans son assiette, sans se rendre compte du crime qu'elle commettait contre la nature. Qu'importe les 19°C dans les maisons, on mettra des moufles, des doudounes et des snowboots.

Moyennant quoi, j'ai entendu tout récemment le même Emmanuel Macron, en même temps qu'il vantait de sa langue gauche les mérites de la dite sobriété, faire l'éloge, au moyen de sa langue droite, de la nécessaire croissance économique, hors de laquelle il n'aperçoit pas la moindre chance de salut.

« Attention, nous prévient monsieur Macron, la sobriété ne signifie surtout pas la décroissance !!! » (je cite en substance, et même en "substantificque mouelle"). On le comprend : il tremble à l'idée qu'une France "décroissante" perde des emplois, des industries, des compétences et des places dans le classement des grandes nations, mais redoute en revanche qu'elle gagne des défilés de néo-gilets-jaunes vaguement syndicaux et de plus en plus remontés, de plus en plus en colère et de plus en plus denses. 

Mais c'est là que les Athéniens s'atteignirent, que les Perses se percèrent, que les Mèdes m'aidèrent et que les Satrapes s'attrapèrent. Comment faire ? Oui, comment faire pour tenir les deux bouts de la chaîne sans tomber dans "l'opprobre du ruisseau" (ça, c’est Boby), je veux dire dans les contradictions les plus contradictoires ? Parce que, si l'on a déjà vu passer des escadrilles d'oxymores dans le ciel fertile en inventions lexicales de nos politiciens, celui-ci, soyons-en sûrs, est le champion toutes catégories, battant à plates coutures ses concurrents immédiats, "croissance verte" et "développement durable".

La vérité, c'est que les gens qui chantent les louanges de la croissance économique, optent résolument, souvent sans se l'avouer, pour le réchauffement climatique. D'un certain côté, on les comprend, parce qu'ils se disent que si l'on a une activité économique soutenue, tout ira bien pour l'emploi, les salaires, la consommation, les cotisations sociales et les futures retraites. Plus ces données s'imposent du fait de la situation dans laquelle se débattent les travailleurs, plus la question du réchauffement tend à s'effacer dans les esprits à l'horizon de la nécessité présente : il faut pouvoir finir le mois. L'urgence de la survie personnelle est prioritaire sur les préoccupations climatiques. 

En revanche, si l'on prétend lutter sincèrement contre le réchauffement climatique, cela implique ipso facto qu'on admet et même revendique la décroissance, c'est-à-dire la réduction de l'activité économique, principale responsable de toutes les prédations actuelles, et par conséquent la baisse de la consommation de biens et de ressources. Et donc un acheminement inéluctable vers une certaine idée de la pauvreté : la vérité de l'humanité d'aujourd'hui, c'est qu'elle doit revenir à la pauvreté, aux nécessités vitales et au sens du tragique de la condition humaine. Voilà ce qu'on trouve, quand on va chercher sous le faux-nez de l'idée de sobriété.

C'est là qu'interviennent les experts en formulations, les poètes de l'euphémisme, les chantres de la quadrature du cercle et les jongleurs du théorème de Fermat en matière de langage et de pansements verbaux (« Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille ! »). En feuilletant rageusement leur Littré (pas celui de la "Grand-Côte"), leur Grand Dictionnaire Larousse ou leur Grand Robert, ils sont tombés sur le mot "découplage". C'est ainsi que, dès le 31 mai 2022, le journal Le Monde a pu libeller comme suit un de ses titres.

écologie,emmanuel macron,sobriété,journal le monde,france,société,décroissance,croissance économique,découplage

"Difficile", le "découplage" : tu l'as dit, bouffi !

Ça veut dire quoi, "découplage" ? En gros et en dehors des sens premiers (domaines de l'électrotechnique et de la vénerie), le mot signifie "séparer". C'est-à-dire que ceux qui le prononcent rêvent tout éveillés d'une croissance économique enfin débarrassée des menaces que font peser les gaz à effet de serre. Eh oui, la voilà, l'équation insoluble : comment "découpler" des activités économiques florissantes et leurs effets mortifères ? Cela veut dire : que faire pour que des actes humains soient libérés de leurs conséquences, innocents de tout ce qui arrive en aval ? C'est là que ça devient presque drôle. 

Comment continuer à fabriquer de l'abondance et de la prospérité sans porter atteinte à la sécurité climatique ? Comment faire pour produire du confort et des conditions de vie plus faciles à l'humanité entière — on en est très loin — sans détruire à notre détriment les équilibres naturels qui ont vu naître et se développer la civilisation que nous connaissons ? 

La vérité, c'est qu'on ne peut pas. ON NE PEUT PAS. Le découplage, c'est de la blague. Pour une raison très simple : on ne peut avoir de la croissance économique sans faire croître, en même temps et en proportion, la consommation d'énergie, puisque ce sont précisément les activités économiques, industrielles qui, grandes consommatrices de fossiles, sont les plus grandes productrices de biens, de services, de confort et de CO². Bon, je ne vais pas revenir sur la rengaine : on sait tout ça par cœur (voir pour cela Jean-Marc Jancovici). Pour consommer de l'énergie, il faut en produire. D'où l'appel désespéré aux renouvelables : le vent dans les pales des éoliennes et le soleil sur les panneaux photovoltaïque.

Faudra-t-il, pour satisfaire la voracité énergétique du système économique, laisser les fabricants d'éoliennes et de panneaux envahir nos espaces et étouffer nos paysages ? Même sans compter le CO² que produit le processus même de fabrication de ces moyens soi-disant « propres », l’entreprise consistant à reconvertir nos sales centrales existantes me semble hors de toute mesure. D’autant que le recours furieux au charbon par des pays comme la Chine ou l’Inde, « en attendant », laisse entrevoir, au moins à moyen terme, une embellie pour l'extractivisme et pour les sources fossiles d’énergie. « Dis, papa, quand est-ce qu'on sera sortis de l'auberge ? — Tais-toi, et tâche de survivre ! »

Je ne peux imaginer que monsieur Macron, dont la réputation d’intelligence n’est plus à vanter, n'est-ce pas, n’ait pas conscience du caractère oxymorique de la formule « croissance découplée de ses effets ». J’ai plutôt tendance à y renifler quelque chose qui ressemble à du mensonge. Et crânement assumé, "les yeux dans les yeux".

Voilà ce que je dis, moi.

vendredi, 23 septembre 2022

CEUX QUI ONT LA SOLUTION (3 et fin)

Pour en finir (provisoirement) avec l'inventaire des formules utilisées dans les journaux (principalement Le Monde) par ceux qui savent comment faire pour s'en sortir ou pour faire advenir la société dont ils rêvent, je présente aujourd'hui un dernier type d'expressions qui permettent à un rédacteur de sauter par-dessus l'obstacle du "il faut" qui fait par trop "magie-magie", tout en contournant la facilité un peu niaise offerte par le verbe "devoir" mis à toutes les sauces. Comme on peut le constater, nul besoin de ces tournures trop évidentes pour faire comprendre au lecteur toute la force de l'impérieuse injonction qu'on lui adresse.

Ces dernières locutions présentent cependant l'avantage de prendre les couleurs de l'objectivité, ou tout au moins de revêtir le déguisement de la neutralité, comme si leur utilisateur se lavait les mains de toute intention de sommation au lecteur, l'auteur de la formule disparaissant derrière elle : phrase sans verbe, ou verbe à l'infinitif, et autres issues de secours. Je note quand même la survie du mode impératif, qui en dit long sur la psychologie de celui qui tient la plume. Quoi qu'il en soit, en reniflant le derrière de toutes ces solutions, je ne peux m'empêcher de leur trouver une fragrance assez prononcée de faux-cul (malpropre).

1 INNOVATION DEMOCRATIQUE NE PEUT SE PASSER.jpg

Je veux bien, mais l'énoncé me reste assez obscur.

1 PROGRES RECREER LIEN SOCIAL.jpg

On trouve ça dans Le Progrès. La phrase est applicable en l'état à tous les festivals.

2022 04 06 SOBRIETE LEVIER D'ACTION.jpg

Ça y est : le grand mot du second quinquennat d'Emmanuel Macron est lâché. On n'a pas fini de le lire, de l'entendre et d'en être gavés. Ensuite, quand on se rendra compte que la sobriété ne suffit pas, on passera au mot "restriction". En attendant mieux.

2022 06 01 1 MODES DE TRANSPORT.jpg

Là, pas de mode impératif, mais c'est tout comme.

2022 08 24 LA DEMOCRATIE A BESOIN.jpg

Le genre de formule baudruche qu'une épingle bien placée suffit à rendre à sa vraie signification.

2022 08 30 CHANGEONS DE MODELE.jpg

Ouais, je vais en parler à Christiane Lambert, P.-D. G. de la F.N.S.E.A., vous savez ce clan dominé non par des paysans, mais par des chefs d'entreprises agricoles pour qui cultiver la terre ne relève pas d'une activité humaine mais d'un système industriel asservi à de merveilleux engins mécaniques comme à des intrants chimiques aux remarquables effets.

2022 09 01 EN FINIR AVEC.jpg

Ce titre me laisse coi, bien qu'on lise sans peine l'injonction "il faut" en filigrane derrière "en finir".

***

MORALITÉ :

Tout ce qui ressemble, de tout près ou de très loin, à la formule "IL FAUT", est à considérer, sinon comme un mensonge, du moins comme une incantation incantatoire.. 

jeudi, 22 septembre 2022

CEUX QUI ONT LA SOLUTION (2)

La formule sacramentelle "il faut" (voir ici même il y a quelques jours) accepte quelques expressions de sens équivalent. Voici la plus fréquente. On voit que l'usage (et l'abus) du verbe "devoir" peut toucher toutes sortes de sujets. Attention : on ne rigole pas !

ON DOIT 2022 08 19 LA FRANCE DOIT.jpg

ON DOIT 2022 08 28-29 NOUS ECOLOS DEVONS.jpg

ON DOIT 2022 08 30 LA GESTION DES CARRIERES DOIT.jpg

ON DOIT 2022 08 31 ON DOIT METTRE LA QUESTION SOCIALE.jpg

ON DOIT 2022 09 06 L'ETAT DOIT.jpg

ON DOIT 2022 09 06 L'EUROPE DOIT.jpg

ON DOIT NOUS DEVONS ADAPTER.jpg

Les titres ont tous été publiés dans le journal Le Monde (un seul dans Le Progrès) entre juillet et août 2022.

jeudi, 15 septembre 2022

CEUX QUI ONT LA SOLUTION

Je sais pas vous, mais il y a quelque chose, dans le paysage de notre monde mal barré, qui me fait toujours autant rire, braire et m'apitoyer, dans la façon dont "certains" (en français : des intellos) évoquent les problèmes, les situations et même les événements. A les écouter, ces braves gens, il suffirait de prendre au sérieux leurs propos et appliquer les recettes qu'ils mettent sur la table, pour que les problèmes se résolvent et que les situations s'éclaircissent. A cet effet, ils disposent d'un « Sésame, ouvre-toi ! » dans l'immémoriale expression IL FAUT.

Je me souviens que le journal Le Monde a publié dans ses pages, dans les années 1970, toute une série de dessins d'un nommé Konk, une série intitulée "Faukon, Yaka et Pitucé" (pas besoin de traduire), où il se moquait de ces gouvernants de comptoirs qui détiennent, après quelques apéros, les clés de la bonne gouvernance du pays. La collaboration n'a pas duré trop longtemps, car assez vite on a vu Konk aller mouvoir ses nageoires dans les eaux sales voisines du Front National de Jean-Marie Le Pen, voire dans diverses cellules et officines un peu plus "musclées". Au Monde, on a dit : "Pas de ça, Lisette". On le comprend.

Reste que je demeure abasourdi quand, dans les pages du même Monde, il m'arrive encore de tomber sur des titres contenant la formule sacramentelle autant que passe-partout : il faut. Ces titres, on les trouve en général dans les pages "Débats" du journal. Alors bien sûr ce sont des collectifs, des trios, des tandems ou des individus qui profèrent l'expression fatidique et qui n'engagent nullement la responsabilité du quotidien.

Tous les titres qui figurent dans la petite rafale ci-dessous sont tirés de numéros récents, témoignant de l'étonnante santé d'une formule dont je subodore qu'elle ne doit sa survie qu'à l'indéracinable dose d'espoir qui, chez les humains, signifie l'impossibilité absolue (ou presque) de renoncer à envisager le futur en fermant la porte au nez des lendemains qui chantent. « Il faut subir ce qu'on ne peut empêcher », dit quelque part Jorge Luis Borgès. C'est exactement là que l'homme commence à rêver. C'est là qu'on franchit la frontière de l'imagination. La formule "il faut", c'est empêcher la porte des possibles de se refermer. 

A cet égard, j'aime particulièrement les articles de fond produits par des journalistes sérieux et si possible chevronnés, et construits comme des dissertations normales ou comme des notes de synthèse, vous savez : 1 - constat ; 2 - causes ; 3 - perspectives. La troisième partie doit faire la preuve que la situation n'est pas désespérée. Ensuite, le rédacteur est invité à faire preuve d'ingéniosité pour éviter le grossier "il faut". Car la langue française abonde en ressources diverses et en moyens astucieux de tourner autour du "il faut". 

En général, j'admire de tels articles aussi longtemps qu'ils décrivent le problème dans tous ses aspects et qu'ils entreprennent d'expliquer l'origine de ce problème : la virtuosité du journaliste peut se donner libre cours. Et puis vient la troisième partie, et patatras ! le cousu de fil blanc apparaît en pleine lumière. L'auteur de l'article y va de ses solutions, de ses propositions, de ses hypothèses, des mesures et des décisions à prendre. Mais il aura beau mettre en œuvre tout son talent pour costumer et grimer le "il faut" sous toutes sortes de fards et de fonds de teint, il butera immanquablement sur le mur du "comment on fait ?". Autrement dit : comment on passe du virtuel au concret ?

La petite suite que je présente ci-dessous n'est qu'un modeste échantillon (été 2022) des manifestations du pouvoir du "il faut" dans les cerveaux de ceux dont le métier est de penser.  

 

IL FAUT 2022 04 09 IL FAUT METTRE FIN.jpg

Ouais, t'as bien raison, mais tu peux nous dire comment on fait, monsieur le savant ?

***

IL FAUT 2022 08 14-16 2 ANTICIPER RAREFACTION.jpg

Le Système ? Ouais, l'idée est bonne. Reste plus qu'à nous dire

COMMENT ON FAIT,

crâne de piaf !!!

***

IL FAUT 2022 08 14-16 4 REFLEXION INCLUSIVE.jpg

Ouais, tout le monde va se mettre autour de la table, comme un gros tas de chouettes copains ! On va dire ça à l'Egypte, au Soudan et à l'Ethiopie pour le partage des eaux du Nil. On dira ça à la Turquie, à la Syrie et à l'Irak pour le partage des eaux du Tigre et de l'Euphrate. On dira ça ...

***

IL FAUT 2022 08 20 IMPLIQUER CITOYENS.jpg

Ah, l'implication des citoyens, un beau cheval de retour ! Allez, on vous fera de splendides "Conventions Citoyennes" ! Monsieur Macron aura plein la bouche de beaux discours ! On appellera ça "concertation", et au bout du compte, personne ne sera satisfait.

***

IL FAUT 2022 09 07 GARDIENS PLANETE.jpg

Celui-ci, je le trouve particulièrement réjouissant : il me fait penser à une "évaluation à l'entrée en seconde" dont j'ai eu à connaître jadis. Parmi les 32 items des "objectifs" (on ne jurait alors que par la "pédagogie par objectifs"), le premier stipulait cette commination impérieuse et porteuse de tout le programme élaboré par la cohorte des crânes d'œuf qui préside depuis cinquante ans aux destinées de l'Education Nationale, pour le plus grand malheur de celle-ci et de la France : « MAÎTRISER L'ORTHOGRAPHE ». Il aurait fallu demander sa recette au crâne d'œuf. Dans le cas présent, je m'interroge : l'auteur peut-il me citer une période où l'humanité fut gardienne de la planète ("redevenir") ?

***

IL FAUT 2022 09 07 IL FAUT AGIR.jpg

Traduction : attendez-vous à des restrictions !

***

Günther Anders est un philosophe. Il est l'auteur, entre autres, d'un ouvrage qui m'a profondément marqué : L'Obsolescence de l'homme, dans lequel il propose le concept de "honte prométhéenne" qui, à mon avis, résume et condense tout le problème des relations entre l'homme et la technique. "Prométhée", c'est l'audace, l'énergie, la créativité, l'inventivité phénoménales dont est capable l'humanité. "Honte", parce que l'homme se rend compte qu'il a donné naissance à des forces sur lesquelles il n'a plus aucune prise (exemple de la bombe atomique). Des forces incommensurables à sa petitesse : les Lilliputiens ont fabriqué Gulliver. Ils ont créé un "Golem".

Dans son bouquin, il évoque la figure d'Ernst Bloch, autre figure de la philosophie germanique, auteur, entre autres, de Le Principe espérance., mais c'est pour lui faire un reproche : « Il n'a pas eu le courage de cesser d'espérer, ne serait-ce qu'un moment ». Si Günther Anders avait été haut fonctionnaire obligé de rédiger une note de synthèse pour un ministre, nul doute qu'il aurait soigné les parties 1 - constat et 2 - analyse des causes, et qu'il aurait arrêté là son texte.

Pour lui, toutes les solutions partielles sont des illusions, voire des impostures. Pour lui, tous les "il faut" qui tentent d'aménager tel ou tel aspect du problème, et non de s'attaquer à la racine de celui-ci, sont autant de mensonges. Pour lui, c'est tout l'édifice de notre civilisation fondée sur la confiance aveugle en les bienfaits de la technique qui est une erreur à la base. Günther Anders reste un des seuls (le seul ?) à ne pas nous beurrer la tartine et à refuser de toujours "finir sur une note d'espoir".

CESSER D'ESPÉRER. Autrement dit : arrêter de rêver tout éveillé. Autrement dit : du tragique en philosophie. C'est ça que ça veut dire, "regarder la réalité en face".

mercredi, 07 septembre 2022

RÉSULTAT DES COURSES ?

Les jours passés, je me suis amusé — si l'on peut dire — à accrocher à mes cimaises virtuelles des titres de journaux (essentiellement Le Monde, parce que c'est celui-là que j'achète tous les jours, ou presque) parus pendant ces deux mois d'été. Il m'a semblé que, après l'aventure COVID, le climat avait cessé de nous envoyer des coups de semonce, mais s'était mis à nous balancer des obus de plus en plus gros, précis et serrés. La preuve, c'est que la surmortalité de la période se monte, paraît-il, à 11.000 personnes, selon l'I.N.E.D. (l'I.N.S.E.E. ?) Je me permets donc de revenir à une idée folle que j'ai formulée ici même voilà quelque temps déjà, en proposant à l'humanité (oui, c'est vrai, je vois un peu grand) de rédiger enfin une
DÉCLARATION UNIVERSELLE DES LIMITES HUMAINES.
Je sais, c'est pas gagné et c'est pas demain la veille. Aucun écho jusqu'à présent. 

II P.47 ELLE.jpg

Le gars ci-dessous s'appelle Mordu. C'est le neveu de maître Mïlé, un brave homme impitoyable qui a appris à nager dans les eaux les plus sales qui puissent exister.

II P.47 LUI.jpg

Dessins au trait violent tirés d'une saisissante B.D. très très noire : Europa, d'un nommé Tomas Lavric TBC, par ailleurs inconnu au bataillon (deux volumes, Glénat, 2003-2004). Je me suis permis d'ajouter quelques mots au texte original.

***

Alors à quand, la

DÉCLARATION
UNIVERSELLE
DES LIMITES
HUMAINES ?

***

Tout le monde sait.
Beaucoup ont compris.
Combien veulent ?

S'il vous plaît, ne répondez pas.

mardi, 06 septembre 2022

OH L'AGRÉABLE CHALEUR !!!

Je n'apprendrai ici rien à personne, le souvenir est tout "frais" dans les mémoires : il a fait chaud.

P.57 DUPONDT.jpg

Heureusement, il n'a pas fait chaud tout le temps : il a d'abord fait très chaud ; ensuite il a fait très très chaud ; et puis il s'est mis à faire très très très chaud. Maintenant, il fait un peu moins chaud : c'est dire si on s'habitue, finalement. C'est heureux, diront certains, car ça veut (peut-être) dire que nous nous adaptons (Le Monde du 1 septembre 2022).

2022 09 01 DEUXIEME ETE LE PLUS CHAUD.jpg

*

Et non seulement nous nous adaptons, mais nous ne sommes pas les plus à plaindre (Le Progrès du 8 août dernier). 

2022 08 08 IRAN RECORD CHALEUR PROGRES.jpg

Parions qu'en se montrant assidus à un tel entraînement, les Iraniens s'adapteront plus vite et plus fort au changement climatique.

*

Alors pas d'affolement, restons calmes et rassurons-nous : LE PIRE EST A VENIR. Mais on les attend de pied ferme, les vagues de chaleur !!!

2022 05 11 DEFICIT HYDRIQUE.jpg

Le Monde, 11 mai 2022. 

J'adore l'expression "déficit hydrique" pour dire "manque d'eau" ou plus simplement : "J'ai soif" : on sent que le gars tout content d'avoir trouvé ça est passé par les écoles. Et disons-le : ça fait tout de suite plus sérieux. Je me vois bien dire à un pote : « Tu viens ? Je suis en déficit hydrique. Je te paie un demi. » 

2022 07 19 VAGUES CHALEURS.jpg

Le Monde, 19 juillet 2022.

2022 08 11 NOUVELLES FORTES CHALEURS.jpg

Le Monde, 11 août 2022.

Et tant pis pour les tortues (Le Progrès, 8 août 2022) !!!

2022 08 08 TORTUES FEMELLES.jpg

On connaissait le changement de sexe des poissons du côté du lac Érié sous l'influence des médicaments rejetés dans l'eau, en particulier des substances hormonales, contraceptives ou autres. Mais il est interdit d'arrêter le progrès.

***

ET BONNE RENTRÉE, HEIN !!! ON VA SE SERRER LES COUDES, LES DENTS, LES FESSES ET LA CEINTURE, HEIN !!! ON VA SE TENIR CHAUD, HEIN !!! ET VIVRE ENSEMBLE, HEIN !!! ET FAIRE SOCIÉTÉ, HEIN !!! COMME AU BON VIEUX TEMPS, HEIN !!!

***

Fin de la série, mais pas du processus.

lundi, 05 septembre 2022

OH LA BELLE SÉCHERESSE !!!

LE PAYS DE LA SOIF.jpg

Hergé et Peyo sont d'accord.

001.jpg

***

D'abord une grande découverte, et même, n'hésitons pas, une révélation : les plantes ont besoin d'eau pour exister, survivre et se développer (Le Monde 18 août 2022). Merci au journal "de référence" : du coup, le lecteur se sent moins bête.

SEC 2022 08 18 VEGETATION EPROUVEE.jpg

Reconnaissons-le : il fallait que cela fût dit, n'est-ce pas ?
***

On voyait ce paillasson garanti grand teint et très grande dimension le 10 août dernier à Rancourt dans la Somme (Le Monde 18 août 2022). Si j'étais un ruminant, pas sûr que j'aurais envie de brouter ce tapis-brosse (non, je n'ai pas dit "gazon maudit").

SEC 2022 08 18 RANCOURT DANS LA SOMME LE 10 AOÛT.jpg

Le Monde 18 août 2022.

SEC 2022 08 03 JUILLET SEC 1.jpg

Le Monde 7-8 août 2022.

SEC 2022 08 7-8 ALERTE SECHERESSE.jpg

Le Monde 19 juillet 2022.

SEC 2022 07 19 SECHERESSE ELECTRICITE.jpg

Le Monde 14-15-16 août 2022.

SEC 2022 08 14-16 9 PAYS BAS.jpg

Le Monde 14-15-16 août 2022.

SEC 2022 08 14-16 MENACES CENTRES TECHNO.jpg

Le Monde 20 août 2022.

SEC 2022 08 20 CHINE SECHERESSE.jpg

*

Alors la présente sécheresse a-t-elle battu le précédent record, détenu jusqu'à maintenant par l'été 1976, comme le montre cette couverture de Charlie Hebdo parue le 8 juillet 1976 et dessinée par Reiser ?

écologie,réchauffement climatique,bande dessinée,les aventures de tintin,capitaine haddock,le crabe aux pinces d'or,hergé,peyo,la guerre des sept fontaines,johan et pirlouit,sécheresse,journal le monde 

L'été 2003, c'était seulement la canicule, vous savez, celle qui avait imperceptiblement abaissé la moyenne d'âge des Français en ôtant brutalement de la tranche supérieure (pour parler dans les termes autorisés des démographes de l'I.N.E.D.) 15.000 de nos concitoyens.

dimanche, 04 septembre 2022

OH LES BELLES RIVIÈRES !!!

NED.jpg

 

NED CAFE.jpg

Vignettes piquées à la page 26 de En Remontant le Mississipi, texte et illustration de Morris.

***

2022 07 14-15 VERDON 1.jpg

Journal Le Monde 14-15 juillet 2022.

*

2022 08 02 LE RHIN ALARMANT.jpg

Journal Le Monde 2 août 2022.

*

2022 08 10 MORT VALLEE EUPHRATE.jpg

Journal Le Monde 10 août 2022.

A mon avis, l'argument purement technique de la "mauvaise gestion" a bon dos. Il s'agit plutôt d'une volonté d'accaparement des pays situés en amont (Turquie, Syrie). Même problème pour le Nil (Ethiopie, Soudan, Egypte) ou pour le Mékong (Laos, Thaïlande, Cambodge, Vietnam). Et ne parlons pas du Jourdain. La guerre de l'eau a déjà commencé, à coups de barrages. A la place de Jean-Michel Bezat, je n'aurais pas mis de point d'interrogation à ma chronique du 30 août 2022 dans Le Monde.

réchauffement climatique,écologie,sécheresse,le fleuve loire,le fleuve oder,le rhin,le fleuve colorado,vallée de l'euphrate,fleuve tigre,mésopotamie,la rivière verdon,bande dessinée,morris,lucky luke,en remontant le mississipi

*

2022 08 17 LOIRE TROPICALISEE.jpg

Journal Le Monde 17 août 2022.

*

2022 08 28-29 LA LOIRE FLEUVE RALENTI.jpg
Journal Le Monde 28-29 août 2022.

*

2022 08 18 OUEST AMERICAIN COLORADO.jpg

Journal Le Monde 18 août 2022.

*

2022 08 18 POLOGNE.jpg

Journal Le Monde 18 août 2022.

***

Mais certains cours d'eau ont l'esprit de contradiction (Le Monde 30 août 2022). Là, c'est l'Indus qui manifeste sa furie. Allez comprendre !

réchauffement climatique,écologie,sécheresse,le fleuve loire,le fleuve oder,le rhin,le fleuve colorado,vallée de l'euphrate,fleuve tigre,mésopotamie,la rivière verdon,bande dessinée,morris,lucky luke,en remontant le mississipi

***

Et quand il n'y aura plus ni de fleuves ni de rivières, il n'y aura plus de poissons d'eau douce, il n'y aura plus de pêcheurs de truites ou de brochets, il n'y aura plus de permis de pêche et plus de garde-pêche pour alpaguer les galapiats qui pêchent impunément à la main" (ceux que je connais le mieux), au nez et à la barbe de la loi. Pire : il n'y aura plus de Cérigoule (Sérigoule ?) ou de Ruisseau de Chaumargeais. Mais je garderai, dans le gras du bout de mes doigts, le souvenir du ventre soyeux des truites planquées sous les grosses pierres plates, que nous caressions avec infiniment de délicatesse avant de les saisir brutalement et de les jeter dans l'herbe. Bon, c'est vrai, elles ne faisaient pas toujours la maille. Mais il y a prescription, monsieur l'agent : fallait nous pincer avant.

***

ET BONNE RENTRÉE, HEIN !!! 

vendredi, 02 septembre 2022

OH LA BELLE « MAISON QUI BRÛLE » (JA.CH.) !!!

Pendant que « nous regardons ailleurs » (Jacques Chirac, dans des temps déjà anciens), cela se passe en Californie et dans le journal Le Monde daté 28 juillet 2022.

2022 07 28 CALIFORNIE PHOTO.jpg

Oh la bonne chaleur ! Oh le bon CO² !!! Oh les bonnes particules fines !!!

2022 07 28 CALIFORNIE.jpg

Mais on se dit que les Américains, ce n'est pas d'hier qu'ils connaissent les incendies, pardon, les méga-feux, même qu'ils les baptisent !

journal le monde,incendies,réchauffement climatique,sécheresse,jacque chirac,californie,wild fire

***

ET SURTOUT BONNE RENTRÉE, HEIN !!! ET MÊME PAS PEUR, HEIN !!! ON A NOS COMBINAISONS D'AMIANTE (HÉ HÉ !) !!!

lundi, 29 août 2022

OH LE BEAU LAC !!!

Cela se passe au lac de Castillon dans les Alpes-de-Haute-Provence et dans le journal Le Monde daté 14-15 juillet 2022.

2022 07 14-15 VERDON 2.jpg

Ceci était un lac. Oh la belle réserve d'eau douce (nous parlons de la bouteille d'eau minérale, bien sûr) !!!

***

Ici, nous contemplons (de haut) l'état dans lequel se trouvait au 12 août le réservoir de Bouzey dans les Vosges (Le Monde 28-29 août 2022).

2022 08 28-29 ECONOMISER L'EAU.jpg

***

ET SURTOUT BONNE RENTRÉE, HEIN !!!

mercredi, 06 juillet 2022

LA REVUE DE DEUX MONDES ...

... PAS FAITS POUR SE RENCONTRER.

2022 07 06 GVT.jpg

2022 07 06 GOUVERNEMENT.jpg

Photo prise le 4 juillet par Jean-Claude Coutausse : "Emmanuel Macron, entouré par les membres du nouveau gouvernement d'Elisabeth Borne, dans le parc du palais de l'Elysée". L'article de Claire Gatinois expose dans une analyse subtile tous les recoins des calculs et raisonnements du président pour préserver son équilibre mental (je plaisante, évidemment).

2022 07 06 DETRESSE AGRICULTEURS.jpg

2022 07 06 AGRICULTEURS.jpg

Photo prise le 22 juin par Bruno Amsellem, de l'agence "Divergence" : "Des membres de Solidarité Paysans s'entretiennent avec Annick et Didier (de dos), agriculteurs, dans la Loire, le 22 juin". L'article de Camille Bordenet nous fait toucher du doigt la dure et vraie réalité du métier de paysan (là, il est clair que je ne plaisante pas). 

Deux articles parus dans le journal Le Monde daté "mercredi 6 juillet 2022".

Notez que c'est à la résidence du président de la République que la chorale gouvernementale vient poser pour la photo, et non à l'hôtel Matignon, résidence du Premier ministre, comme le voudrait la division du travail prévue par la Constitution de la Vème République. En toute logique, Elisabeth Borne devrait figurer au centre du groupe. Cela montre bien où Emmanuel Macron entend placer le vrai ressort du pouvoir. Je pose la question : "Qu'est-ce que ça change par rapport au premier quinquennat ?"

Rien. Cela veut dire que les agriculteurs continueront à se suicider doucement ; que les médecins des hôpitaux, en particulier psychiatriques, continueront à se taper la tête contre les murs à remplir des tableaux excel de centaines de codes cabalistiques inventés par des cabinets de conseils payés avec de l'argent public pour améliorer la rentabilité des services hospitaliers ; que l'école, le collège, le lycée et l'université français continueront leur irrésistible dérive vers un chaos de connaissances distribuées par un corps professoral de plus en plus déboussolé, médiocre et mal payé ; que la police continuera à éborgner à coups de LBD les ahuris qui auront la mauvaise idée de défiler dans la rue pour protester, avec ou sans gilet jaune sur le dos ; ... et puis toutes sortes d'autres choses aussi distrayantes que les Français sont sûrement avides de découvrir. 

samedi, 21 mai 2022

NOUS ET NOTRE EXOSQUELETTE

Dans cette mine d'or à ciel ouvert qu'est l'ouvrage en bande dessinée Le Monde sans fin, de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain (Dargaud, 2021), je me régale des trouvailles de l'ingénieur-pédagogue pour aider le lecteur à se faire une idée concrète des problèmes complexes qu'il expose, servi tant bien que mal par les dessins de son acolyte. Pour l'amener en quelque sorte à visualiser ce qui apparaîtrait foutrement abstrait à force d'aridité.

Par exemple, pour expliquer les pouvoirs extraordinaires dont l'innovation technique incessante a doté le moindre individu mâle ou femelle de l'époque actuelle, il a eu l'idée de les représenter dans la figure genre "Marvel Comics" d'IRON MAN, conçue comme un facteur démultiplicateur de la simple force musculaire individuelle : « Le parc de machines qui travaillent pour nous est une sorte d'exosquelette qui a la même force mécanique que si notre puissance musculaire était multipliée par 200 » (p.43). Il va de soi que, hors de cet exosquelette, nous nous affaisserions comme des bouses, comme des êtres chétifs et pitoyables perdus dans la nature hostile. Iron Man, en quelque sorte, nous permet de vivre dans une redoutable ILLUSION de puissance.

ESCLAVES 4 2.jpg

Je n'ai pas modifié le texte de la bulle : je l'ai juste bidouillé pour le rendre moins pénible à déchiffrer (un défaut du livre).

Iron Man — j'ajoute Iron Woman, parce que, pour les femmes, réputées musculairement moins avantagées, la chose est encore plus spectaculaire — peut tout, ou presque. Iron Man, c'est la personnification de l'ensemble des machines qui peuplent aujourd'hui le monde, et qui permettent d'une part de tout explorer, de tout exploiter, de tout fabriquer, de tout consommer, et d'autre part d'éviter aux individus qui en ont les moyens de « travailler à la sueur de leur front », de s'astreindre à des tâches rebutantes, fatigantes et jugées parfois dégradantes. Iron Man, c'est LE SYSTÈME machinique, industriel et, disons-le, capitaliste (tout à la fois abstraction anonyme et puissance concrète hégémonique), et c'est aussi l'innombrable masse des individus qui sont pris dans sa logique impériale et sont bien obligés de courber l'échine sous sa loi.

La contrepartie de cette toute-puissance, et qui a fini par faire sentir ses effets désagréables, puis nocifs, puis carrément délétères, c'est qu'Iron Man est un assoiffé pathologique, et qu'il faut lui injecter sans arrêt plus de pétrole si l'on ne veut pas qu'il cesse de fonctionner. L'ennemi d'Iron Man, c'est la panne sèche. Et la panne c'est notre angoisse, notre hantise et, peut-être bientôt, notre cauchemar : « Pourvu que rien ne vienne interrompre le flux énergétique qui nous alimente ! », nous disons-nous. « Pourvu que personne ne coupe le cordon ombilical par lequel nous arrive notre carburant vital ! »

SOIF.jpg

Vous les voyez, tous les enjeux géopolitiques ? Vous les voyez, les pétroles de schiste du Texas ? Les sables bitumineux de l'Alberta ? L'oléoduc russe Northstream II ? Toutes les menaces qui pèsent déjà sur l'équilibre instable du monde ? Bon, on me dira qu'on sait tout ça. Certes, rétorquerai-je, mais Jancovici et Blain ajoutent à ce savoir déjà enregistré, catalogué, mémorisé, une incomparable force de persuasion par le détour de la narration et de l'illustration. Quant à savoir si ce savoir suscitera une action en retour, va savoir ...

Car Jean-Marc Jancovici se veut avant tout vulgarisateur. Mais attention, pas le petit tâcheron capable de bousiller toute une discipline en prétendant la mettre à la portée du vulgum pecus. Ici, on est dans la grande vulgarisation, la sérieuse, celle qui pèse de tout son poids sur la diffusion des données scientifiques les plus importantes dans les plus larges couches de la population. Ce livre qui fait peur s'est déjà vendu à plus de 250.000 exemplaires (chiffre donné dans M. le Magazine du Monde daté 19 mars 2022). 

Je ne cesse d'apprendre ma leçon en revenant souvent à cette source de lucidité : plus ça va, moins je supporte les bonimenteurs, doreurs de pilules, beurreurs de tartines et autres passeurs de pommade et cireurs de grolles.

Voilà ce que je dis, moi.

vendredi, 13 mai 2022

IL SE PASSE PEUT-ÊTRE QUELQUE CHOSE


Il n'y a pas que la cérémonie des Césars pour donner lieu à des scandales, avec ses brigades féministes menées par Adèle Haenel et Virginie Despentes à l'assaut de la citadelle machiste et patriarcale incarnée par la figure assurément démoniaque de Roman Polanski, qui est seulement — excusez-le — l'auteur de quelques chefs d'œuvre du cinéma.

Ici, ça se passe à la grande école d'ingénieurs AgroParisTech, qui s'appelait encore Agro quand Alain Robbe-Grillet en est sorti, et plus tard Michel Houellebecq. Les ingénieurs agronomes nouvellement promus se sont mis à huit pour cracher dans la soupe et remettre en cause le modèle industriel de notre agriculture dans son ensemble.

Ils récusent donc une agriculture industrielle, qui travaille avec ardeur à amoindrir la qualité des sols qu'elle cultive, jusqu'à les transformer, là où elle passe, en une simple matière parfaitement stérile, à la manière d'un certain Attila.

1 2022 04 29 B TERRES DEGRADEES.jpg

Titre tiré du Monde daté 29 avril 2022.

1 2022 05 12 CÔTE D'IVOIRE TERRES DEGRADEES.jpg 

Titre tiré du Monde daté 12 mai 2022.

Bon, les grincheux diront que huit ingénieurs sur l'ensemble d'une promotion, ça reste modeste, et que l'industrie n'a pour l'instant rien à craindre de ce mini-soulèvement. Ce n'est pas faux. Ce n'est peut-être qu'une mince lézarde dans la muraille.

Mais on peut se dire aussi que la manifestation est susceptible de donner des idées à ceux qui viendront. Je me dis que s'il se produit quelques défections dans les rangs des futurs crânes d'œufs et autres responsables chargés de présider au destin de l'agriculture en France, c'est peut-être le signe que tout n'est pas encore joué ?

On a le droit de rêver, non ?

dimanche, 08 mai 2022

EN AVRIL "LE MONDE" ENFONCE LE CLOU

Quelques titres du journal Le Monde picorés tout au long du mois d'avril, entrelardés de quelques illustrations (un peu bidouillées par mes soins) extraites de Le Monde sans fin, ce livre formidable et un peu agaçant de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain. Juste pour laisser entendre — avec ma subtilité légendaire ! — que l'humanité n'est pas sortie de l'auberge. Et on ne pourra pas dire qu'on ne savait pas que toutes les complaintes autour des espoirs de croissance entretenus par les responsables politiques, par les patronats unis dans la défense des intérêts des actionnaires nous entraînent tous dans une même catastrophe. Espoirs de croissance auxquels s'accrochent aussi les syndicats de travailleurs. Et même les travailleurs, les consommateurs, les contribuables, les automobilistes et les vacanciers (liste non exhaustive).

***

1 2022 04 06 A.jpg

Le Monde daté mercredi 6 avril.

Le G.I.E.C. ? "Vox clamans in deserto", si ça rappelle quelque chose à quelqu'un. Ce ne sont pas les scientifiques qui gouvernent. C'est sans doute heureux, parce que si c'était la rationalité pure qui était aux manettes, les classes politiques n'auraient pas le champ libre pour faire avec constance et détermination la preuve de leur médiocrité.

***

1 2022 04 1.jpg

***

1 2022 04 06 B.jpg

Le Monde daté mercredi 6 avril.

Soit dit en passant, quand les populations concernées verront en direct ce que les responsables commencent à accepter de nommer "sobriété", c'est là qu'il comprendront leur douleur. Parce que c'est là qu'ils souffriront, et sans intermédiaire. Ceci pour dire que le terme de sobriété est un doux euphémisme. Mais que le fait qu'on le rencontre de plus en plus souvent veut dire que la mise en condition des esprits pour les accoutumer à la future réalité a bel et bien commencé. On mesurera l'avancée à la vitesse d'obsolescence des euphémismes, sous la pression des mots de vérité qui s'appliquent à notre réalité, actuelle ou à venir. Et puis un peu aussi sous la pression de la réalité elle-même, n'ayons pas peur de le dire. Les mots de vérité attendent en général pour surgir que le plus grande nombre ait le nez dans la bouse de la réalité, et qu'il ne soit plus possible alors de prendre de faux-fuyants.

***

1 2022 04 2.jpg

***

1 2022 04 09 A.jpg

Le Monde daté samedi 9 avril.

Dennis Meadows est aujourd'hui âgé de 79 ans. Au sein du "réservoir de pensée" (think tank) suisse appelé Club de Rome, du Massachussets Institute of Technology (M.I.T.), il a participé à la rédaction du désormais prophétique rapport intitulé The Limits to Growth (Les limites à la Croissance), publié en 1972. Il y était dit que la planète étant de dimensions finies, les matières qu'elle était en mesure de nous procurer étaient elles-mêmes finies par nature. Et qu'il fallait envisager que la sacro-sainte croissance par laquelle jurent l'écrasante majorité des économistes connaîtrait forcément des ratés, avant de s'arrêter tout simplement. Cela fait donc cinquante ans qu'on a prévu ce qui se produit aujourd'hui. L'histoire montre qu'il ne sert à rien d'avoir raison avant tout le monde. Il n'y a pas, il n'y a jamais eu de prophètes.

***

1 2022 04 3.jpg

***

1 2022 04 28 A.jpg

Le Monde daté jeudi 28 avril.

Est-ce que ça vous dirait de faire un petit tour dehors avec un thermomètre frisant les 50°C, comme on le voit en Inde et au Pakistan ? Là, comme l'explique François-Marie Bréon, physicien climatologue, au micro de Guillaume Erner (11 mai), il ne faut plus parler de "canicule", mais de FOUR.

***

1 2022 04 4.jpg

***

1 2022 04 29 A.jpg

Le Monde daté vendredi 29 avril.

Ça, c'est ce qu'on doit à l'agriculture industrielle, forcée, du fait de ses méthodes, d'utiliser les moyens offerts par l'industrie chimique ("industrie agro-alimentaire", voilà encore un de ces doux euphémismes dont les empoisonneurs patentés ont le secret), un habit de soirée pour rendre présentable une famille de bandits, une mafia qui a ses entrées auprès des pouvoirs, au prétexte qu'elle seule détient les clés de la sacro-sainte croissance et du salut alimentaire de l'humanité.

Tiens, un truc amusant : l'I.N.R.A.E. vient de pondre un rapport très sérieux qui conclut que, en définitive, les pesticides employés dans l'agriculture sont mauvais pour la biodiversité, voire pour l'homme. J'adore ces gens qui découvrent l'eau tiède et qui font mine d'apprendre que les pesticides sont des poisons pour tout ce qui est vivant. Au surplus, je trouve curieux que des gens apparemment sérieux prennent la peine de faire la preuve scientifique de la nocivité et de la toxicité de substances expressément prévues pour avoir les effets qu'on leur connaît.

***

1 2022 04 5.jpg

***

1 2022 04 30 A.jpg

journal le monde,bande dessinée,écologie,jean-marc jancovici,christophe blain,giec,dérèglement climatique

Le Monde daté samedi 30 avril-lundi 2 mai.

***

1 2022 04 1.jpg

***

journal le monde,bande dessinée,écologie,jean-marc jancovici,christophe blain,giec,dérèglement climatique

Le Monde daté samedi 30 avril-lundi 2 mai.

***

Petit bonus.

journal le monde,bande dessinée,écologie,jean-marc jancovici,christophe blain,giec,dérèglement climatique

Le Monde daté samedi 2 avril (titre à peine remaquetté).

J'ajoute ce titre, parce qu'il montre que, en plus de tous les facteurs de dégradation des conditions de l'existence humaine à la surface de la Terre, la guerre menée par Vladimir Poutine contre l'Ukraine peut avoir un magnifique effet de circonstance aggravante.

mardi, 03 mai 2022

MATIÈRE A RÉFLEXION

Le prix des choses, et combien vaut un travailleur.

« Nous sommes revenus dans un monde de rareté. Nous avons un problème de ressources, d'énergie, de matières premières, de transport, de composants, et même d'emploi. A cela s'ajoutent les sanctions contre la Russie et la transition énergétique. La production mondiale de lithium doit être multipliée par 40 pour équiper nos véhicules électriques. Tout cela crée de l'inflation, comme à l'époque des années 1970-1990. Cela va conduire à une remontée des taux d'intérêt, qui imposera des contraintes budgétaires et donc la fin du "quoi qu'il en coûte". Cela change complètement l'action publique.
Si nous avions aujourd'hui une parfaite indexation des salaires sur les prix et une parfaite indexation des prix sur les coûts des entreprises, nous nous dirigerions vers 20 % d'inflation. Celle que nous avons en Europe aujourd'hui, qui n'est pas loin de 8 % n'est que l'effet mécanique des matières premières. Il n'y a eu aucun effet boule de neige. Le risque est donc devant nous. »

Nous deviendrons sobres, que nous le voulions ou non.

« La transition énergétique, c'est quatre points de PIB d'investissement en plus, un tiers pour décarboner l'énergie, un tiers pour décarboner l'industrie et un tiers pour rénover les logements. De plus, on détruit du capital. Un site qui passe à l'hydrogène investit en détruisant ses vieux fourneaux et en en achetant de nouveaux, sans produire plus. Si l'on veut investir quatre points de PIB, Il faut donc consommer quatre points de PIB de moins. Il n'y a pas le choix. La sobriété va s'imposer à nous. Il y a trois façons d'y parvenir : soit par le comportement, soit par les prix, soit par la fiscalité, parce que l'Etat lèvera des impôts pour financer les investissements qu'il doit effectuer pour la transition. Il va falloir que l'on consomme quatre points de moins pour faire de la place à l'investissement, que ce soit volontairement ou de force. »

Compétences, enseignement, formation.

« Le problème des compétences (le capital humain, les enfants, l'enseignement à l'école, la rémunération des enseignants, le lycée professionnel, la formation professionnelle) tire tous les autres : celui de l'emploi — 67 % des Français en âge de travailler ont un emploi contre 80 % de Suédois. Celui de l'industrie — 70 % des écarts du poids de l'industrie dans les pays de l'OCDE s'expliquent par les compétences de la population. Celui des comptes publics — on a peu d'emplois, donc de recettes fiscales, du fait du chômage. Les dépenses de l'Etat sont liées à la population, les recettes à l'emploi. Les pays comme la France qui ont peu d'emplois ont structurellement un problème fiscal. »

***

Voilà. Ce sont les propos tenus au Club de l'économie du Monde le 28 avril (voir le journal Le Monde daté 30 avril) par l'un des quatre invités, monsieur Patrick Artus, les autres invités étant Jérôme Fourquet, Pascale Coton et Geoffroy Roux de Bézieux. Mine de rien, Artus délivre quelques informations significatives. C'est en général ce que j'apprécie dans ses interventions : ni rêveur, ni doctrinaire, ni conceptuel. Avec lui, on est dans le concret : non seulement il maîtrise la théorie économique, mais il en propose une analyse des effets que celle-ci entraîne dans la réalité.

Des propos qui méritent qu'on y réfléchisse, en particulier le paragraphe qui concerne l'éducation et la formation (et en bout de course, les compétences) : selon moi, ce que la société investit dans l'enseignement et la formation reflète exactement l'ambition que cette société a de s'élever au-dessus d'elle-même. A cet égard, mon diagnostic est assez noir pour que je refuse d'en faire état ici.

Pour la sobriété, ceux qui suivent les travaux de Jean-Marc Jancovici sont déjà au courant. Le mot "sobriété" est d'ailleurs sans doute un euphémisme, pour désigner le sort qui attend tous ceux qui, aujourd'hui, bénéficient d'un minimum de confort électrique, d'agréments domestiques et de diverses facilités motorisées — confort, agréments et facilités qu'il faudrait plutôt appeler luxe, pour faire la différence avec ceux qui en sont dépourvus. Ou je me trompe, ou la sobriété qui sera celle de l'humanité dans des temps à venir peut-être pas si lointains ressemblera fort à la rudesse des conditions de vie qui fut celle de nos ancêtres. 

jeudi, 31 mars 2022

JEAN-MARC JANCOVICI, VULGARISATEUR D'ALERTE

JANCOVICI JEAN-MARC.jpegJean-Marc Jancovici commence à être célèbre. La preuve, c'est qu'il a fait la couverture de M, le magazine hebdomadaire du journal Le Monde. Un truc tellement bourré de publicité pour des marques de luxe, de photos pour des vêtements ou des accessoires de luxe et de personnages de luxe que j'ai tendance à me réfugier sur l'îlot désert des mots croisés. Je pioche dans ce magazine insupportable, de temps en temps, telle ou telle recette de cuisine pas trop compliquée, mais je laisse royalement à qui s'y intéresse le sudoku. Pour une fois, à cause de ce personnage singulier à la tête a priori bien sympathique, le magazine a bénéficié d'un sursis avant de disparaître dans la poubelle papier.

Jean-Marc Jancovici, on peut aussi dire qu'il est d'ores et déjà célèbre à cause de la Bande Dessinée dont il est l'un des deux auteurs, avec Christophe Blain, qui s'est paraît-il vendue à ce jour à plus de 250.000 exemplaires. Je me dis que ça permet de voir venir l'avenir personnel avec une sérénité certaine, et de conforter certaines thèses défendues depuis longtemps, au début dans le désert, à présent devant un public tant soit peu plus nombreux. Le seul et unique combat de Jancovici ? Le réchauffement climatique. Son truc à lui ? Faire parvenir l'urgence climatique à la comprenette du plus grand nombre. 

Un mot pour se faire une idée de qui est Jean-Marc Jancovici ? UNE TRONCHE, et majuscule ! Bien faite et bien pleine ! Et dedans ça fonctionne à vitesse accélérée. Pour m'en rendre compte, je n'ai eu qu'à visionner un ou deux Youtubes : non seulement il parle sans notes, mais en plus il vous balance par camions entiers les informations, les chiffres, les faits, les données, les comparaisons audacieuses et parlantes. Bref, il attaque à toute allure votre propre cerveau de tous les côtés à la fois. Je l'avoue : j'ai eu un peu de mal à suivre. Il me faudrait des vidéos passées au ralenti pour enregistrer, pour prendre le temps d'assimiler, pour bien comprendre.

BLAIN 2021 JANCOVICI.jpgC'est la raison pour laquelle la B.D. Le Monde sans fin, (Dargaud, 2021) réalisée avec Christophe Blain, me convient à merveille. Ben oui, le livre va à la vitesse que vous voulez, pas besoin de sortir toutes les banalités bien connues à ce sujet. Là, je suis plus à l'aise, plus libre de mes mouvements et de mes choix. Je picore. Par exemple, j'apprends que Jancovici est l'inventeur en 2000 du concept de "Bilan Carbone", devenu depuis, non seulement une évidence, mais la « norme mondiale pour compter les émissions de gaz à effet de serre des entreprises » (p.8). Pour ce qui est de l'imagination créatrice, Jancovici ne craint personne. Son obsession, c'est de quantifier.

Si j'ai un peu de mal à entrevoir toutes les significations et implications de la grande "Loi de Conservation" (« A l'intérieur d'un système qui ne communique pas avec l'extérieur, on ne peut ni créer, ni détruire de l'énergie », p.19), ça va beaucoup mieux lorsque l'ingénieur explique à son interlocuteur qu'il n'y a pas d'énergie propre en soi et que tout dépend de la quantité consommée.

Ça me rappelle la double page "Les Riches et les Pauvres" de Reiser : quand les riches étaient seuls à se droguer, c'était exotique et ça avait de la classe ; quand les pauvres se droguent, ça devient un désastre social. Ben oui, il y a beaucoup plus de pauvres que de riches. De même, tant que le pillage des ressources naturelles était le fait d'une minorité (occidentale) qui avait pris goût à l'abondance, au confort et aux facilités de la vie, le "Système Terre" pouvait supporter ; mais dès que la Chine, l'Inde et autres pays autrefois sous-développés se sont mis dans le crâne l'idée de faire de même, c'est la catastrophe. S'il prend à tous les humains l'envie de vivre comme les Américains, ça revient à programmer la fin du monde humain.

Pour l'heure, je retiens surtout que tout le problème du réchauffement climatique tourne autour de notre voracité énergétique absolument incommensurable à nos seules petites capacités physiques personnelles, une voracité qui nous a rendus dépendants de toutes sortes de machines gourmandes, soit de façon directe (auto, lave-linge, smartphone, etc.), soit de façon indirecte (notre système d'alimentation en eau, gaz, électricité, d'enlèvement des ordures ménagères, etc.).

Je retiens que toute énergie devient SALE dès lors qu'elle est consommée, non plus par trois pelés un tondu, mais par des milliards d'humains semblables à nous.

Je retiens que, grâce aux machines que la technique et ses innovations ont mis à notre disposition, c'est comme si chacun d'entre nous disposait de DEUX CENTS ESCLAVES (200) prêts à nous servir à tout instant. C'est une moyenne mondiale. En ce qui concerne la France, le chiffre se situe plutôt autour de 600. 

Je retiens que si l'on détruisait TOUTES les machines présentes sur Terre, il faudrait que l'humanité compte MILLE QUATRE CENTS MILLIARDS (200 x 7 milliards) d'individus pour abattre une besogne équivalente. Ce qui signifie, soit dit en passant, que ce sont en réalité, à l'heure où j'écris, 1.400 milliards d'équivalents-humains qui croquent dans la planète avec leurs grandes dents. Est-ce que c'est assez parlant, à votre avis ?

Voilà le talent de Jean-Marc Jancovici : il quantifie, il mesure. Et il compare les ordres de grandeur. Et il traduit en images parlantes le résultat de ses comparaisons. J'ajoute que Christophe Blain a le dessin modeste et efficace, et qu'il met celui-ci entièrement au service du propos. 

Le Monde sans fin : un livre excellent.

Voilà ce que je dis, moi.

samedi, 26 mars 2022

PAS DE "GRAND REMPLACEMENT", MAIS ...

... MAIS UN ISLAM CONQUÉRANT, PATIENT, RAMPANT, OBSTINÉ.

1 - Un remplacement a déjà eu lieu.

Je le dis d'entrée de jeu : les gens qui affirment, de façon sincère ou non, redouter le grand remplacement de la population française "de souche" par des hordes venues du Maghreb, d'Afrique noire ou du Proche ou Moyen Orient, se laissent leurrer par des fantasmes ou des mensonges. De toute façon, ma conviction est faite depuis longtemps : la seconde moitié du XXème siècle a déjà vu l'ancienne population française se laisser remplacer, année après année, par ses libérateurs de 1945.

Régis Debray, dans son livre Civilisation (Gallimard, 2017), raconte de façon lumineuse et probante « comment nous sommes devenus américains » (le sous-titre, c'est moi qui souligne). De son côté, Jean-Pierre Le Goff, en racontant dans le détail le quotidien de la France qu'il a connue de 1950 à 1968 (La France d'hier, Stock, 2018), dessine les traits d'un pays que la plupart des Français d'aujourd'hui qualifieraient d'épouvantablement ringarde, obsolète, rétrograde, presque archéologique.

Moyennant quoi, ils refusent d'admettre que la France, si elle garde malgré tout des traces de ce qu'elle fut en d'autres temps, a laissé plus ou moins joyeusement, plus ou moins consciemment, remplacer ses décors, son habitat, sa culture, ses traditions, ses façons d'être et de faire, sa psychologie et jusqu'à son âme, par les innombrables biens matériels et culturels venus des Etats-Unis. La France est devenue une cliente. Certains disent même un protectorat (mais ils exagèrent sûrement). Les Français sont quasiment gallo-américains, diraient Goscinny et Uderzo dans Le Combat des chefs.

Au point que, dès qu'une innovation plus ou moins innovante (je ricane), plus ou moins "historique" (je pouffe), plus ou moins "révolutionnaire" (je me gausse) pointe le bout de l'oreille sur le sol américain, nos chers journalistes, toujours prêts à gober la moindre "nouveauté", saluent avec enthousiasme son prochain débarquement en Normandie, je veux dire sur notre sol, allant même parfois jusqu'à préciser que la France, toujours à la remorque du navire amiral d'outre-Atlantique, n'est-ce pas, est en retard de dix ans sur les Etats-Unis. Au point que personne n'a oublié le cri du cœur de Jean-Marie Colombani paru en éditorial de "une" du journal Le Monde au lendemain du 11 septembre 2001 : « Nous sommes tous Américains ».

Remarquez qu'en 2003, le refus radical de Jacques Chirac et Dominique de Villepin d'entrer dans la coalition américaine (illégale) pour démolir le régime de Saddam Hussein, tend à prouver que nous n'étions pas si américains que ça. Et les journaux et médias américains ont alors si abondamment craché sur la France que cela a pu réconforter ceux qui avaient un reste de fierté nationale, sans forcément leur ouvrir les yeux sur la réalité ou la profondeur de l' "amitié" que nous portent les Américains.

Malheureusement, c'était juste un sursaut de fierté de la part de quelques attardés du gaullisme. La France vassale a vite repris ses droits. Nicolas Sarkozy (aah, ses footings avec les T-shirts floqués NYPD !) a même réintégré la France dans le commandement de l'OTAN (officine largement dominée par le suzerain américain), et sans contrepartie. En chemise et la corde au cou, pour ainsi dire.

Et tout aussi malheureusement, nous sommes devenus assez Américains pour que j'en veuille énormément à certains Français d'avoir importé des modes de pensée propres aux Etats-Uniens, à commencer par cette arrogance dans l'affirmation de l'identité (les "fiertés" qu'on fait défiler), qui fait d'une petite collection de "minorités" (raciales, sexuelles, religieuses, etc.) des prescripteurs de lois.

Ces minorités n'hésitent pas à calquer benoîtement sur la situation spécifiquement française (données historiques comprises) les problématiques particulières propres aux Américains. Ces minorités haïssent la liberté d'expression quand elle froisse si peu que ce soit l'épiderme de leur sensibilité, au prétexte qu'elles se sentent victimes de l' "oppression majoritaire" et des "stéréotypes" dominants, et ne pensent qu'à une chose : faire taire l'ennemi, et punir, punir, punir. Il faut ensuite être un mouton aveugle et sourd pour continuer à bêler sur le "vivre-ensemble" ou sur le "faire-société".

Bon, tout ça pour dire que le "grand remplacement" est un fait accompli depuis lurette : les Américains, appuyés sur leur "soft power" (cinéma, musique, etc.), ont fait en sorte que la France change de peuple. C'est une chose acquise, il n'y a plus beaucoup d'âme française chez les Français. Le Français d'aujourd'hui se sent très bien dans les oripeaux que lui a vendus l'Amérique, et va même jusqu'à qualifier d' "anti-Américains" tous ceux qui "crachent" dans la soupe.

Ceux qui s'intitulent "français de souche" devraient y réfléchir, car dans le tas des idées importées des USA, il en est une qui pourrait au moins susciter des interrogations : c'est le melting pot, ce "brassage et assimilation d'éléments démographiques divers, en partic. aux Etats-Unis, au XIXème siècle" (Larousse P.L.I. 2002). Pourquoi la France n'aurait-elle pas aussi importé cette magnifique innovation ? Pourquoi la France ne deviendrait-elle pas à son tour un gros tas de chouettes peuplades juxtaposées ? Pourquoi n'adopterait-elle pas pour étendard le drapeau arc-en-ciel des fiertés mondialisées ?

2 - Pas de "Grand Remplacement", mais une offensive opiniâtre et tranquille.

Je ne sais donc pas trop si ces Français de souche, qui pestent parfois violemment et de façon indiscriminée contre l'immigration, ont tort ou raison quand ils hurlent au "grand remplacement". Ce dont je suis sûr, c'est qu'ils devraient prêter davantage d'attention à un phénomène si discret qu'il passe largement au-dessous des radars de la vigilance ordinaire : le combat culturel mené au quotidien par un certain nombre d'activistes musulmans, en particulier des imams, pour se concilier, puis s'approprier l'esprit de tout un tas d'individus peu instruits, peu méfiants ou peu regardants. Car ces activistes sont assez habiles pour éviter de mettre en avant le djihad, la violence ou la guerre aux "croisés" de la chrétienté. On a à faire à des imams souriants et bienveillants : nulle trace d'hostilité déclarée dans leurs paroles et leurs attitudes.

En témoigne un homme qui fut d'abord un réfugié syrien admis sur notre sol. Omar Youssef Souleimane est un poète et un écrivain. Il est né dans une famille rigoureusement salafiste, le père, surtout. Aujourd'hui, il est Français depuis trois mois, et il vient d'écrire Une Chambre en exil (Flammarion). Il était l'invité de Marc Weitzman dans son émission "Signes des temps", sur la chaîne France Culture, dimanche 20 mars, pour en parler un peu. 

Mon intention ici n'est pas de rapporter ses propos dans le détail. Je veux seulement relever quelques idées cruciales qui nous concernent, nous, qui nous sentons avant tout Français, Européens et de culture complexe à dominante chrétienne écrasante, quoique déclinante. Son aventure a commencé en 2012, lorsque, en compagnie d'une vingtaine d'autres "rêveurs" (c'est lui qui le dit), il a manifesté à Damas pour la liberté. Alors que six d'entre eux étaient arrêtés pour subir les traitements qu'on imagine, il a réussi à échapper aux sbires de Bachar al Assad. 

Il raconte qu'il a été sauvé par la poésie, en particulier celle de Paul Eluard, mais aussi par la "vieille" poésie arabe, qui lui inspire cette belle pensée que la langue arabe, qui date de bien avant l'islam (Vème siècle ?), recèle des richesses infiniment plus vastes que la langue du Coran qui, quant à elle, a été figée autour du XIème siècle (ça fait quand même 1.000 ans) en tant que langue sacrée et à ce titre intouchable. Le rigorisme qui s'est alors abattu sur la langue des Arabes a empêché celle-ci d'évoluer avec le temps.

L'interlocuteur de Weitzman se désole alors à l'idée que beaucoup de ceux qui veulent apprendre l'arabe aujourd'hui, ne le font que pour lire le Coran dans le texte. J'ajoute que si le programme des écoles coraniques consiste vraiment à faire apprendre par cœur le texte du Coran, il y a du mouron à se faire sur le niveau de la culture ainsi transmise et sur la future ouverture d'esprit des élèves.

Omar Youssef Souleimane raconte comment, arrivé en tant que réfugié à Bobigny, il a fait la rencontre d'un imam redoutable, non parce qu'il portait un poignard, ni parce qu'il voulait exterminer les maudits "koufars", mais parce qu'il montrait un visage "doux, intelligent, sympathique, intellectuel" (ce sont ses mots). Cette stratégie enveloppante et insinuante lui fait dire que ce genre de personnage est beaucoup plus dangereux pour la France à long terme que n'importe quel djihadiste ou terroriste. Et surtout il sait que ce genre d'imam n'est pas un cas isolé, mais qu'il a tendance à pulluler dans les cités de Seine-Saint-Denis et d'ailleurs, là où les musulmans sont nombreux, et parfois ultra-majoritaires. Il ajoute que ces imams sont bien rémunérés (par l'Arabie saoudite ou la Turquie). Cool Raoul ! A l'aise, Blaise ! Facile Mimile !

Selon lui, ce qui se prépare dans ces "territoires perdus de la République" (titre d'un bouquin bien inspiré), c'est une "France séparée", n'en déplaise à une certaine extrême gauche, prompte à lancer ses glapissements antiracistes dès que quelqu'un tente d'alerter sur les dangers de l'offensive islamique tranquille à l'œuvre depuis quelques décennies. Une extrême-gauche qui sort à tout bout de champ ses refrains, du risque de "récupération par l'extrême droite" à la "discrimination". Selon Souleimane, le voile soi-disant islamique est avant tout un drapeau identitaire, car pour ces imams, aussi étonnant que cela puisse paraître, l'islam est moins une religion qu'une identité : l'identité d'une communauté. Et une communauté fermée sur elle-même.

Le plus terrible dans cette affaire, c'est l'incroyable complicité de certains politiciens français qui, pour de simples raisons électoralistes, se mettent cul et chemise avec ces responsables religieux. Certes des gens qui leur font peur, mais dont ils ont un besoin vital, pour une excellente raison : l'influence décisive que leur parole possède sur la communauté dont ils sont la voix. On voit, dit Souleimane, dans certaines municipalités (Bobigny ?), des imams assister à des réunions avec des édiles qui tiennent par-dessus tout à rester en bons termes avec eux et tremblent à l'idée de se les mettre à dos. Et, continue Omar Youssef Souleimane, la police laisse faire l'imam qui tolère le dealer de drogue, au motif qu'ainsi l'ordre règne. Et le maire se frotte les mains, parce qu'il pense que son mandat suivant est déjà dans la poche. Comprendre : "dans la poche de l'imam", bien sûr.

Bien entendu, quand il est dans son cercle de proches, l'imam ne cache rien de son véritable objectif final : instaurer la charia. Face au bon peuple, le discours malin, enjôleur et manipulateur ; face aux initiés, la vérité des intentions. 

Pour conclure, on ne peut évidemment pas effacer un demi-siècle de remplacement de ce qui fut autrefois les valeurs des Français par les "valeurs" spectaculaires et marchandes de nos "amis" américains, mais qu'on y réfléchisse bien : cette transformation a été obtenue en prenant son temps, par la douceur et sans violence, avec le consentement parfois enthousiaste des Français, à commencer par leurs élites. Pourquoi la même patience, la même douceur et la même non-violence n'obtiendraient-elles pas le même résultat, mais cette fois en faveur de l'islam ?

Pendant que toute l'opinion publique et toute la vigilance officielle et officieuse (D.G.S.I.) ont les yeux et les micros braqués sur les événements sanglants, d'autres activistes mènent une offensive d'autant plus subtile, discrète et silencieuse qu'elle est souriante et pacifique. Je dirais presque que les attentats, vus de cette manière, font office de diversions (que les victimes veuillent bien pardonner cette audace de langage) par rapport à l'objectif final.

Il faudrait que les hautes autorités politiques et les pouvoirs municipaux des communes concernées réfléchissent à leur lourde responsabilité dans les progrès accomplis par l'islam "normal" sur le territoire français. Oui, je sais : "il faudrait", ... Mais ne sont-ils pas trop lâches pour cela ? Que ne ferait-on pas pour garder son fauteuil ?

Je récuse quant à moi la différence que certaines bonnes âmes s'obstinent à faire en "islamique" et "islamiste". C'est une question de civilisation. 

Voilà ce que je dis, moi.

Note : Pour ceux qui voudraient savoir un peu mieux à quel adversaire ils ont à faire, je conseille la lecture d'un livre tout à la fois délicieux à la lecture et redoutable à la réflexion, qui permet de pénétrer dans une certaine mesure dans ce qui fait l'esprit de la civilisation des Arabes. Ce livre, c'est Le Livre des Ruses, collection d'anecdotes plus ou moins conséquentes, mais toujours spirituelles, une collection qui aide à comprendre pourquoi les Arabes (les musulmans ?) ont longtemps été considérés en Occident comme des êtres fourbes et sans parole.

islam,religion,musulman,djihad,frères musulmans,hassan al bana,grand remplacement,immigration,français de souche,régis debray civilisation,comment nous sommes devenus américains,jean-pierre le goff la france d'hier,france,états-unis,journal le monde,jean-marie colombani,jacques chirac,dominique de villepin,saddam hussein,nicolas sarkozy,o.t.a.n.,n.a.t.o.,soft power,melting pot,imam,littérature,syrie,bachar el assad,omar youssef souleimane,une chambre en exil,france culture,marc weitzman,weitzman signes des temps,séparatisme,islamique,islamiste 

J'ai longtemps tiré de la lecture de ce livre la conviction que si l'Occident médiéval se méfiait de la lettre, il accordait un grand prix à la parole donnée et que, inversement, les Arabes utilisaient les subtilités du verbe pour tromper l'ennemi, ce qui revient à prendre l'adversaire à son propre piège : ce n'est pas mentir que de prononcer des paroles subtiles qui bernent l'attention d'un autrui trop confiant dans une hypothétique similitude des façons de penser, pour mieux pouvoir lui renvoyer, s'il proteste contre la mauvaise foi de la personne, l'exactitude des paroles prononcées.

Et ce n'est qu'une des milles facettes de cet art du langage développé au fil des pages de cet ouvrage tout à fait étonnant. La différence des civilisations arabe et européenne me semble résider là, au creux de la parole : chez nous la ligne droite de la parole donnée (oui, je sais, "les écrits restent" etc., mais), qui fait apparaître comme une félonie la moindre infraction à la loyauté ; chez eux l'admiration qui s'adresse à celui qui, à force d'habileté et de subtilité langagière, a réussi à embrouiller la raison de l'homme à circonvenir.

***

Il faut les voir s'embrasser, se congratuler, sauter de joie, les moukères de Grenoble, à l'annonce de la décision qui autorise (en termes alambiqués) le burkini comme tenue pour les ébats aquatiques en territoire municipal. « ON A GAGNÉ !!! », ont-elles triomphé. Et maintenant qu'elles ont gagné à Grenoble, les associations d'activistes musulmans comptent bien ne pas s'arrêter là, et faire tout ce qui est en leur possible pour accrocher de plus gros gibiers à leur tableau de chasse. L'objectif ? Très simple : grignoter, mètre après mètre, le terrain occupé par l'adversaire en se servant des moyens mêmes offerts par ce dernier. Leur horizon ? Faire avancer, mètre après mètre, la cause de l'islam sur des terres qui ne sont presque plus chrétiennes jusqu'à occuper tout le terrain (ajouté le 19 mai).